Il fait preuve de ce qu'appellera plus tard Jean MARIN : « le goût de l'épreuve, le goût du travail bien fait ». Le village du Bourg d'Hem a été un port d'attache dans son enfance. Depuis 1913, et de 1919 à 1925, la famille MAILLAUD passe les vacances au presbytère de cette commune, chez l'écrivain Raymond CHRISTOFLOUR, un ami de son oncle Fernand MAILLAUD, paysagiste de talent et peintre de l’école de Crozant. Adolescent, Pierre MAILLAUD est passionné par la poésie et, en 1930, il achève son premier recueil de poèmes, « ONYX », illustré par Fernand MAILLAUD. Faute de devenir officier de marine comme il l'avait d'abord rêvé, il choisit le journalisme. Il débute en 1924 au « Moniteur de l’Afrique du Nord » puis en 1927 à « La journée industrielle » et au journal « Le soir ».
Il entre à l'Agence Havas à Paris, puis, en 1932, au service de la politique étrangère du bureau de l'agence à Londres, où il est sous-directeur pour l’Empire Britannique jusqu’en 1939. Correspondant de « l’Europe nouvelle » en 1936 où il collabore sous le nom de Paul DRAILMIERE, il est à plusieurs reprises envoyé spécial, il voyage partout en Europe. En 1938, il assiste à la rencontre entre HITLER et CHAMBERLAIN ; HITLER lui laisse alors une « impression effrayante » et il confie à son ami OBERLE « Je me demande quel traquenard il nous prépare... ».

La déclaration de guerre ne l'étonne pas, mais la défaite d'une armée qu'on disait invincible l'affecte profondément, d'autant que son frère Robert est tué au combat dans les premiers jours de juin 1940 (Argentan le 10 juin 1940). Le spectacle de la débâcle, des civils jetés sur les routes de l'exode l'afflige. L'annonce de la capitulation de la France dans les journaux anglais le 17 juin provoque chez lui humiliation et colère. Pierre MAILLAUD reprend très vite courage, notamment lorsqu'il entend l'appel du Général DE GAULLE à la B.B.C.

Dès le lendemain, Pierre MAILLAUD se présente à ce dernier et se met au service de la France Libre où il devient l’une des grandes figures qui incarnaient l’esprit de résistance. En souvenir de son village d’enfance, il décide dès lors, pour parler à la radio, de prendre le pseudonyme de Pierre Bourdan.


Photo collection personnelle de Michèle LAFOREST.

Grâce à la bienveillance de CHURCHILL, dès fin juin 1940, la B.B.C. réorganise ses émissions en français. Jacques DUCHESNE est chargé de constituer une équipe, ce qui n'est pas évident, les professionnels ayant rejoint radio Paris ou radio Vichy. Il choisit Pierre MAILLAUD, Jean MARIN, Jean OBERLE, Jacques BOREL, Pierre LEFEVRE, Maurice VAN MOPPES surnommé Momo. Il travaille également avec le lieutenant Maurice SCHUMANN, Paul BOIVIN, Geneviève BRISSOT et Jean-Paul GRANVILLE.

Il est prévu que de 20h30 à 20h45, les français aient un droit d’émission à la radio anglaise. Il s’agit d’une courte émission placée après un bulletin d’information en français. Dès le premier juillet, est diffusée une émission « Ici la France », d’une durée de trente minutes après un quart d’heure d’informations en français. Le 26 août, une nouvelle émission est créée : « Les Français parlent aux Français ». C’est dans cette dernière que Pierre BOURDAN présente son célèbre « Commentaire des nouvelles » parfois précédé d’une phrase devenue illustre « nous annonçons toutes les mauvaises nouvelles, c’est pourquoi on nous croit aussi lorsque nous annonçons les bonnes nouvelles » Son « Commentaire des Nouvelles » en fit rapidement le plus populaire et le plus écouté de tous ceux qui parlaient à Londres depuis le 14 juillet 1940. Dès cette époque, Pierre BOURDAN eut la conviction tranquille que la victoire de l’Allemagne était impossible et il eut le soin constant de mettre en garde ses auditeurs « contre une forme de propagande très insidieuse, celle du désespoir ». Et l’on retiendra cette parole de l’humoriste Pierre DAC qui intervint lui aussi sur les ondes de la B.B.C : « Ses paroles étaient un acte de foi… Il parlait dans chaque maison de France. Il a fraternisé avec toute la nation »…
Il participe également avec Jean OBERLE et Jacques DUCHESNE à la fameuse « Discussion des trois amis ».

En août 1940, il est à l'origine avec Fernand MOULIER et Louis BRET de "l'Agence française indépendante", à Londres dont le réseau des correspondants et de distribution préfigure l'organisation de l'Agence France-Presse et qui envoie des articles donnant un son juste sur la France dans le monde entier, et dont il démissionne en mai 1944 parce qu’elle doit passer sous le contrôle de l’Etat, il cesse également toute activité à la B.B.C.

Pendant son séjour londonien, il écrit des livres directement en anglais pour expliquer aux britanniques la situation de la France, ce sera « France 1942 » et la vision de l’Angleterre d’un journaliste français y vivant: « The English Way » 1944 (traduit par Grandeurs et Perplexité de l’Angleterre et publié en français en 1945).

Envoyé à 2 reprises en Afrique du Nord (1942 et 1943) il veut être un des premiers à poser le pied sur le sol de France. Il devient correspondant de guerre à la 2ème DB (juin 1944 - janvier 1945) et débarque avec elle en Normandie. Il dit à Jean OBERLÉ : « J'ai trop encouragé les autres à l'action, pendant 4 ans, pour ne pas essayer d'agir à mon tour » . Il débarque dans le Cotentin avec la 2ème Division Blindée, commandée par le Général LECLERC, le 1er août. Fait prisonnier par les allemands à Rennes, il s’évade d’un train en marche à Angers et il rejoint la 2ème DB avec laquelle il participe aux libérations de Paris le 25 août (qu’il a décrite en des termes inoubliables dans « Carnet de Retour avec le Général LECLERC ») et de Strasbourg. Il suit la 2èle DB jusqu'en Allemagne.

La guerre finie, il reprend son métier de journaliste au « Figaro », « Jeune République », « Carrefour », « France-Soir » et à « BREF » et publie plusieurs livres de ses souvenirs de guerre dont « Carnet des jours d'attente », « Carnet de retour » ; « Perplexité et Grandeur de l'Angleterre », « Commentaires de Londres » publié en 1947, dans lesquels il démontra ses qualités d'écrivain.

à suivre...