Né en 1768, le président BONNYAUD avait connu assez tard la joie de la paternité.

Dans son long testament, reçu par Me Polier, notaire, le 18/11/1831, les formules juridiques et discrètes laissent passer sa douleur.

C'est "en mémoire de sa fille" qu'il crée la dotation de la rosière de Guéret, qu'on couronnera à la mairie, chaque année le 19 mai, anniversaire de la naissance de Laure. Il désire que la jeune fille choisie porte "l'un des quatre noms de sa fille, et après 20 ans, celui de Laure", obligeant à cet effet, les rosières à donner à leur fille le prénom de "Laure". Après le service qui doit être célébré pour la famille Bonnyaud, le lendemain du mariage de la rosière, celle-ci doit "aller porter des fleurs sur la tombe de Laure". Les domaines légués à la ville qui constitueront la garantie de la dotation de la rosière porteront le nom de Laure.

Le règlement de la succession du président BONNYAUD ne put se faire comme il l'avait souhaité. La ville fut contrainte, après bien des difficultés, de vendre les domaines en dépendant qui ne portèrent jamais le nom de Laure. Mais, quand on créa, à la fin du Second Empire, une voie raccordant la route de Limoges à la route de Moulins, on l'appela "rue Laure-Bonnyaud". On la garnit de platanes qui poussèrent si bien qu'ils faisaient un dôme, donnant à la chaussée une humidité nuisible. On dut les abattre, et, vers 1900, y substituer l'originale plantation de hêtres pourpres qui, quand elle aura atteint son plein développement, sera comme un prolongement du jardin public. La station électrique a été construite au bas de l'avenue, en 1894. La création de la blanchisserie est postérieure.

Depuis longtemps, le nom de la voie a été simplifié. Elle est "l'avenue de Laure", et il y a quelque chose de gracieusement touchant dans cette appellation presque familière, évoquant le souvenir de la petite fille qui finit, non loin de là, sa brève existence, il y a plus de cent ans.

Sources : Les rues et les places de Guéret par Louis Lacrocq (SSNAHC)