C’était-là assurément un grave manquement à la discipline, mais une bonne douche administrée à l’aide de la pompe à incendie, eut suffit pour refroidir l’ardeur de ces enfants et calmer leur excitation. On ne songea pas à employer ce moyen si simple ; on préféra recourir à la force armée. Ce soir-là, le Préfet, le Maire et la plupart des autorités de la ville se trouvaient à Sainte-Feyre où ils assistaient à un dîner offert à l’évêque de Limoges par le maire de cette dernière localité. L’inspecteur d’académie était malade. Le Principal fut affolé et perdit la tête ; il fit prévenir le Procureur impérial, qui se comporta comme s’il avait eu en sa présence les plus dangereux malfaiteurs. Deux brigades de gendarmerie et une compagnie de soldats du dépôt de remonte furent mobilisés pour vaincre la révolte de ces jeunes gens et les faire rentrer dans l’ordre. Six élèves furent, par ordre du procureur, comme des criminels endurcis, écroués à la maison d’arrêt, où ils passèrent la nuit et toute la journée du lendemain. Le nom de ce magistrat méritait de passer à la postérité : il s’appelait Taillandier.

Extrait de «Le Collège de Guéret, 1699 –1880» par Ferdinand Villard.