La relation de dictons et proverbes locaux, usités au XIXème siècle permet de mieux saisir les relations moqueuses ou conflictuelles qu'entretiennent les creusois entre eux.

AUBUSSON

Sor, anny soubre le punt de la Terrade minjas las amouras.
Soeur, allons sur le pont de la Terrade manger des mûres (fruits de la ronce sauvage) par allusion à l'avare sobriété des habitants d'Aubusson. On dit par opposition : Les friands de Guéret. Ceci est passé en proverbe, et nous l'avons entendu dire à 150 lieues de notre pays (A 207/16 p.28)

Bonnafoux commente ces dictons et précise :
De tout temps il a existé une sérieuse rivalité entre les villes de Guéret et Aubusson. Cela tient à ce que le chef-lieu ou le gouvernement central du département toujours été fixé à Guéret. Les bussonniers, (comme on les appelle) ont tort de se montrer jaloux de notre préfecture et de notre légion de fonctionnaires publics ; nous ne leur envions pas leurs fabriques de tapis, qui sont une des gloires de la France. Nous ne sommes pas manufacturiers. Jaloux d'une faveur que nous ne devons qu'à notre position centrale dans le département, les habitants d'Aubusson disent que nous sommes friands et paresseux, et par représailles, nous leur répondons qu'ils sont sauvages et avares. (A 207/16 p.43)

GUERET :

Sans la plume et le papier
Et le bois de Chabrier
Guéret serait en chétivier
(Cahier Dictionnaire p.6)

A propos des femmes :

Bonnafoux sur ce point est bien de son époque et les propos rapportés sont le plus souvent machistes. Ils vont même jusqu'à la vulgarité lorsqu'il cite ces deux vers du guérétois Marcellot :
D'un trop gros vit petite chienne est morte
Femme jamais ne mourut de la sorte
.

La misogynie est présente dans les pensées de Bonnafoux :
Tant que vous aurez les moyens de payer une servante, gardez-vous bien de prendre une femme. (Cahier dictionnaire p.283)
"Temps pommelé,
Femme fardée,
Ne sont pas de longue durée."
(A 207/16 p.26)

Bonnafoux rapporte aussi des dictons plus aimables :
Les filles de la rue Maubey (Guéret)
On le corsage bien fait...
Ont le corps sage, bien fait
. (A 207/16 p.49)

Le propos est parfois moqueur lorsqu'il déclare, à propos des objets d'art de l'église de Genouillac :
Une autre toile représente une sainte Madeleine qui ressemble fort à une belle dame de Guéret quand cette dame fait la grimace (il est bien entendu que les mauvaises plaisanteries ne s'impriment pas) (A 207/15 p.97)

Croyances et superstitions :

Mme Perdeix-Lavergnolle. Petit phallus en corail, monté en argent. Cette amulette, qui a été égarée, lui venait de sa belle-mère, qui était sage femme. L'amulette devait servir à faciliter les accouchements.
Mme Pacaud, de la rue de la prison. Pierre montée sur bague en argent (crapaudine). Pour enlever le venin. (A 207/15 p.27).
Madame veuve Belon. Une petite calotte en soie brochée, pour faciliter les travaux de Lucine.
Au musée. Pierres de corail, montées sur bague en argent, pour faciliter les accouchements. (A 207/15 p.28).

Le mauvais oeil :
Lorsque nous étions encore enfant, nous connaissions un pauvre diable qui rôdait continuellement dans les environs de Guéret et qui jouissait d'un triste pouvoir attribué au mauvais oeil ; c'était un vieux mendiant répondant au nom de Joseph. Si nous allions, avec nos camarades, battre la campagne afin de trouver des nids d'oiseaux, et qu'il nous arrivait de rencontrer Joseph, la partie de plaisir se trouvait brusquement dérangée, et il ne nous restait plus qu'à revenir sur nos pas. Rien à faire pour le moment à moins cependant que l'un de nous n'eut le sou à donner au mendiant pour conjurer le sort. Dans ce cas nous pouvions continuer notre course et aller fouiller avec confiance les hayes et les buissons et c'était nous, garnements sans pitié qui exercions notre mauvais oeil à troubler la sécurité de ces pauvres petits oiseaux et à détruire le bonheur de plus d'une famille ailée. (Cahier Dictionnaire note non paginée.)

A suivre : les ragots et médisances guérétoises...