Le 30 septembre 1915,

Chère Marie,
Je t'écri deux mots de lettre pour te dire que je suit entré dans les tranchés hier soir à 9 heures. Depuis qu'il a tombé de l'eau on y est pas propre. Je suit toujour ocupé à la cuisine mais il faut faire du chemin pour apporter la soupe. Je porte ça avec une palache comme si je portait le lait à Guéret. Pour moi je suit en bonne santé et je désire que ma lettre vous trouve de même.
Tous mes camarades sont en bonne santé.
Je n'est pas vu Pierre encore si François Jardy n'a pas changé je suit pas bien loin de lui.
Tu pourra m'envoyer si tu veut un gilet de laine et deux paires de bas car il ne fait pas chaud les nuits. Je ne voit plus grand chose à te dire pour aujourd'hui. Je termine en vous embrassant de tout mon coeur. Bien le bonjour à vous tous.
Antoine.